

This article considers the various ways in which the principle of a disjunction between form and meaning can be applied to creative language teaching, as practised in our bilingual creative writing and creative translation workshops. Il cherchera alors des pistes du côté de la critique postcoloniale, laquelle témoigne de ce que les erreurs de toutes sortes sont également des marqueurs de différence. Il se confronte notamment à un questionnement délicat de sa posture : comment être enseignant tout en ayant un devoir d’accueil des productions des étudiants dont il se trouve … lecteur. Un autre pan de la réflexion ne peut alors que concerner l’ego du pédagogue : face aux écrits de ses étudiants, il est lui-même amené à opérer une dissociation, voire une dislocation, de ses habitudes mentales. Aussi nos ateliers intègrent-ils également une réflexion sur l’évolution de l’anglais dans le monde – une étude des World Englishes montre que nombre d’innovations linguistiques sont d’abord perçues comme des fautes ou manquements … avant de passer dans l’usage. L’opinion courante, qu’un nombre croissant de pédagogues s’appliquent à dénoncer, selon laquelle il faut apprendre la correction d’abord avant de pouvoir espérer créer, est prise à revers. Aussi les langues – anglaise, française, et en filigrane toutes celles que les étudiants rapportent de leur environnement personnel – sont-elles désarticulées, puis assemblées différemment : notre pratique pédagogique, en apparence paradoxale, vise à défaire plutôt qu’à étayer les habitudes monolingues. Ces « intrigues » sont conçues autour d’une nécessité commune : permettre à chacun de se débattre, dans les deux sens du terme, avec les questions que pose tout apprentissage vivant de la langue « étrangère » : les questions de l’intimité et de l’anonymat, du reconnaissable / méconnaissable / inconnu. A cet effet, nous ne faisons qu’une présentation succincte de notre appareil théorique (lequel inclut les analyses de Bettelheim et utilisations par Lafforgue du conte comme mode indirect d’expression) les étudiants entrent dans le vif de la création au moyen d’esquisses d’intrigues qu’ils viennent habiter au moyen de leurs propres inventions et significations. Comme lieux d’appropriation personnelle de la langue dite étrangère, nos ateliers prennent de front la problématique de La Norme. Un enseignant de langue est rapidement confronté à la question de la correction et de la conformité aux règles. Cet article tente de répondre à la question suivante : en quoi le principe de dissociation de la forme et du sens est pertinent dans le cadre d’une didactique des langues étrangères basée sur la création, telle qu’elle peut être mise en œuvre dans des ateliers d’écriture de création bilingues et de traduction créatrice.
